Discrètement l’été file…

… et heureusement mon ordinateur est seul à me voir à l’heure qu’il est car, après six soirées en huit jours dont quatre fest-noz, j’arbore la tête que j’aurai probablement à cinquante-deux ans si tout se passe bien.


Je m’aperçois que je parle bien peu de musique ces temps derniers alors que je chante sans arrêt; c’est avant tout parce que le temps libre est absorbé par d’indispensables siestes… mais aussi, que raconter de ces soirées? Le résumé de base revient invariablement au même: je suis venue, j’ai chantu, je suis repartue. (Ajouter pour étoffer que l’accueil était adorable – c’est presque toujours vrai – et le public chaleureux – idem – et qu’on est heureux de faire tout ça – ibidem.) Le reste, le moins-visible qui est aussi l’essentiel, c’est une autre paire de manches de le mettre en mots: c’est le tissage de tout ce qui, d’un soir à l’autre, est différent. Y compris en nous: sans même être franchement en bon ou mauvais état, on est tout simplement un autre jour…


Alors quoi? Dire peut-être qu’au Présent Têtu à St-Jouan des Guérets (avec Lydia Domancich pour “L’infini etc”) la tarte aux prunes maison fondait dans la bouche et la petite salle avait la magie douillette de ces mini-théâtres où l’équipement a l’air d’avoir poussé tout seul; qu’au Toucouleur à Trégastel, je savais qu’il y avait des anglophones et les chansons en anglais en étaient toutes aiguisées; que l’écoute y était belle (comme toujours) et les coques pêchées du matin même; qu’à Perros-Guirec avec Loened Fall, le public, moitié familles de vacanciers en marinière et moitié danseurs gourmets, reflétait drôlement la population estivale locale; que la tombée du jour y fut rose (et que, sans rire, je suis toujours émue par le choc poétique d’un coucher de soleil sur le barnum bancal d’une buvette); qu’à Brec’h le site du Champ des Martyrs, dans son cadre d’arbres et de marais clos par un haut monument néoclassique, fait une majestueuse salle naturelle où se lovent les bataillons de cuisinières et de stands (bravo Gilles et tout le monde!); qu’au Loc en Pluzunet le fest-noz fut littéralement sauvé des eaux, le déluge ayant miraculeusement cessé entre 22h et 2h du matin, si bien qu’à minuit, des hordes de danseurs et de buveurs ayant surgi de nulle part, la fête battait son plein au flanc de la chapelle comme si nous n’avions pas pataugé tout l’après-midi dans les flaques et le découragement; et qu’à Pluvigner hier, la douche glacée de 20h ayant convaincu l’équipe de sonner le repli vers la salle-hangar voisine, la soirée y a gagné en chaleur et en santé ce qu’elle perdait en pittoresque, comme à Landerneau le mois dernier


Mais l’image est-elle plus claire pour autant? Il faudrait y ajouter l’énergie des patrons de café-concert et des équipes de bénévoles des festoù-noz, la délicatesse d’une papillotte de saumon préparée pour la végétarienne de service à côté de quatre cent parts de potée… Le flegme et l’endurance des techniciens (savoir garder son calme en toute circonstance est une compétence aussi importante que maîtriser son matériel, et la plupart d’entre eux y excellent avec un humour admirable – tiens, il faudra que j’écrive là-dessus un jour)…


Et bien sûr les collègues de plateau – en l’occurence Les Baragouineurs, les frères Cornic, Philippe et Jean-Marie Ollivier, les frères Guichen (que de frères!), Arvest, Storvan, Dédé Le Meut-Samuel Le Hénanff, Hicks qui pour ma plus grande joie avait invité Thierry Bruneau (de Pienza) à la vielle, sans oublier Eric Menneteau qui remplaçait Ronan à Pluzunet… Il faudrait peindre les interactions humaines et musicales – et il y en a! – rapporter les blagues de carabin…


Et il manquerait encore tellement de choses… Les odeurs du fest-noz – terre, herbe coupée, frites, crêpes, bière, sueur, bâche, sciure… Les rituels cocasses comme la file d’attente femelle devant des sanitaires plus ou moins rustiques… La sieste dans la voiture, le demi dans le gobelet en plastique, et le plus difficile à nommer, le son, la voix, l’énergie, tout ce que l’on retrouve, refait, reprend, recommence – tout ce qui nous traverse, nous secoue, et nous renvoie chez nous moulus et contents…


PS: si vous cliquez sur “lire la suite”, vous ne lirez pas la suite, gn’en a pas, mais vous verrez quelques photos prises à Brec’h et à Perros avec mon flambant neuf Fuji Finepix! Attendez un peu que je trouve comment arranger un album…