The Kerbiquet Wheneverly News

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La sonorisation expliquée à un enfant (et à ma maman)

Je discutais il y a quelque temps avec un jeune homme de dix ans, son papa et sa grande sœur, à propos de ce qu’il avait observé de nos interactions avec le sonorisateur au fest-noz de la veille. Ses questions étaient très intéressantes et m’ont fait ressortir d'un coin sombre de mon disque dur le brouillon inachevé d’un texte que j’avais intitulé « La sonorisation expliquée à ma maman ».

La sonorisation est, dans le monde d’aujourd'hui, une présence si familière que l’on discute rarement sur son fonctionnement : l’auditeur parce qu’il a l’impression de voir la chose à l’œuvre – les micros, les enceintes, un rapport qui lui semble direct entre le geste du musicien et le son entendu – ; musiciens et techniciens, parce qu’ils baignent tellement dans la complexité du matériel qu’il ne leur vient pas à l’idée que certaines choses évidentes pour eux ne le sont pas pour tous. …

Confessions d’une soukoglotte, 1 : « Mais tu parles combien de langues, au fait ? » (Spoiler : pas tant que ça)

Je ne suis pas la seule à entendre régulièrement cette question, posée selon les cas avec une admiration ou un agacement aussi immérités l’un que l'autre. Je ne suis certainement pas la seule non plus à être incapable d’y répondre par un chiffre. Ce n’est pas une coquetterie : on verra plus bas que je n’ai vraiment pas de chiffre à donner. C’est que tout dépend de ce que mon vis-à-vis entend par

A propos de chant, 4 : Les voies du plancher pelvien sont… euh, non, rien

Ça y est ! J’ai enfin pris le temps de m’acheter et de lire aussi sec Le périnée féminin et l’accouchement de la géante Blandine Calais-Germain, l’anatomiste auteur entre autres des génialissimes Respiration et Anatomie pour la voix. (J’en profite pour redire que quiconque prend ou donne des cours de chant devrait avoir au moins le Respiration dans sa bibliothèque, ne serait-ce que comme exorcisme contre ce vilain démon de « la bonne façon de respirer ».) 

L’odeur du magnéto à bande

Balayage machinal de mon fil Facebook tout à l’heure, en pensant à autre chose… Tiens, une annonce de l’ami Christophe Le Menn : il cherche un magnétophone à bande, un modèle précis de chez Revox, photo à l’appui. 

C’est la photo qui me fiche dedans. 

Ça m’était déjà arrivé il y a quelques mois, en planchant, dans un court papier pour le livre des 50 ans de Dastum, sur les techniques d’enregistrement sonore au XXe siècle : le sujet des bandes magnétiques arrive innocemment sur le tapis, et brusquement je me retrouve dans une plongée à la Proust, perdue au présent, tous les sens saisis par l’expérience d’un autre temps. 

Les petits comptes de la fatigue, nouvelle saison : où c’est tout le monde qui tire la langue

« Hi! We met last week. »

« Yeah, I remember. » 

Est-ce vrai qu’il se souvient de nous ? Ce jeune homme du comptoir des bagages perdus, à l’aéroport de Hambourg, a un flegme concentré qui lui ouvrirait une carrière de professionnel du poker ou de valet personnel du Prince Charles. Après consultation des oracles électroniques, il nous confirme que nos trois valises sont bien, depuis une semaine, « là ». …

Souvenirs d’été pour le Nouvel An, 2 : Maryvonne fait (encore) une fugue

Si vous lisez ceci, il est plus que probable que vous ayez déjà entendu parler de mon spectacle Maryvonne La Grande, et de la personne réelle, Maryvonne Le Flem (1841-1926), dont il raconte la vie et les chansons. Dans le cas contraire, cliquez ici ; et si vous n’aimez pas les spoilers et que vous n’avez pas non plus lu mes Chants du livre bleu, arrêtez tout de suite de lire ce texte !

Le spoiler-qui-n’en-est-guère-un, c’est que le spectacle se termine sur un épisode du grand âge de Maryvonne : un soir, à 81 ans, alors qu’elle est encore convalescente d’une maladie qui a failli l’emporter, elle tente de filer à l’anglaise pour rejoindre « son » île, l’Île du Château où elle avait coutume de ramasser du goémon blanc avec une vigueur qui lui conférait une sorte de monopole. …

Souvenirs d’été pour le Nouvel An, 1 : le sabotier et le percussionniste


Quelle fête ce fut, en août, que ce Finisterres Celtiques de l’Orchestre National de Bretagne pour les 50 ans du Festival Interceltique de Lorient ! (Si vous êtes sur Facebook, en voici quelques courts instants.) Six pièces, pour la plupart spécialement écrites, par six compositeurs des pays dits celtiques ; l’émotion du retour dans une grande salle après plus d’un an de famine, résonant avec le thème du chez-soi qu’évoquait à sa façon chacune des compositions ; les retrouvailles avec l’Orchestre au complet (après nos Miniatures en petits effectifs, arrachées aux rigueur de l’été 2020) et le chef Grant Llewellyn ; une cohorte de solistes et d'invités tous plus soufflants et adorables les uns que les autres ; last but not least, la joie de collaborer à nouveau avec Frédérique Lory, qui sait comme personne raconter la vie organique d’une musique traditionnelle avec les mots d’un orchestre symphonique. 

*« Les fantômes sont des choses qui arrivent »

C’est le titre de mon nouveau spectacle solo, qui verra le jour le 9 juillet prochain au Hameau de Pont Calleck à Berné (56). Je dis en souriant que c’est un spin-off de Maryvonne La Grande , mais ce n’est pas qu’une plaisanterie : même s’il sera très différent, ce spectacle naît de l’expérience de Maryvonne, d’une part dans son format (un solo raconté et chanté, pensé pour le hors salle et l'extérieur, même s’il ne sera pas forcément déambulatoire et s’il ne sera pas, hélas, aussi waterproof que sa grande sœur !), d’autre part dans son propos, où l’on retrouvera Maryvonne Le Flem et son monde. …

Le mot de la concierge, PS : à propos de langue bretonne

La concierge va ajouter sa plume à toutes celles qui, depuis deux siècles, écrivent en français à propos du breton, puisque le peu qu’elle va dire concerne autant les non-locuteurs que les autres : face au ramdam actuel, pour le moment, la concierge a décidé… de ne rien dire. 

Ce n’est pas que je n’aie rien à raconter… C’est l’inverse. Il y a tant, tant de choses à dire. Tant de choses qui ne rentrent pas dans un confetti de réseau social, dans un discours électoral, dans un panneau de manif. 

Le mot de la concierge

Toujours compliqué, d’écrire ici, ces derniers mois ! Même à l’instant où je tape ceci, il y a quelque chose de… en anglais, je dirais « quaint », pittoresquement désuet, à écrire une page de blog, impliquant la présomption qu’elle soit lue. Entre les moments de pur flou et l’espèce d'orgie de protestation que suscitent ensemble le poids de la crise sanitaire, les enjeux électoraux imminents et le manque de vie sociale et culturelle, le monde entier semble ne plus parler qu’un langage de jugements lapidaires et de condamnations insultantes – quoique dûment entrecoupées de photos de chatons. …

"Du vingt-septième jour du mois de février mil huit cent soixante-neuf…"

"Et tu fais quoi en ce moment ?" En ce moment, je réunis des histoires vécues de fantômes, partout où je peux en trouver dans le temps et le monde, pour mon prochain spectacle… Mais les fantômes sont toujours là où on ne les cherche pas. 

Tard hier soir, farfouillant dans les registres d'état-civil en ligne (de Penvénan, toujours) pour corroborer une histoire de La Légende de la Mort, de fil en aiguille voilà que je tombe sur une autre qui n'a rien à voir avec mon objet : la trace manifeste d'un naufrage – même si la cause des décès n'est, comme d'habitude, pas mentionnée – au large de Port-Blanc le 27 février 1869. …