The Kerbiquet Wheneverly News
L’histoire du goëland qui voulait être un aigle
Trégastel, le 15 février.
(PS pour les urbains dubitatifs: si, si, ce sont des goëlands tout ce qu’il y a de plus goëlands. S’ils ne sont pas encore du blanc-et-gris réglementaire, c’est parce que ce sont des jeunes. Je n’y connais rien, mais je sais ça.)
* Et en ce moment, tu as des projets?
Combien de fois, dans une vie de musicien, entend-on cette question? Et combien de réactions diverses peut-elle susciter? Cela va de la réponse simple et enthousiaste (sous-entendu: “merci de votre intérêt pour mon travail”) au frisson d’agacement difficilement dissimulé (“pourquoi me poses-tu cette question dont nous savons tous deux que tu vas t’empresser d’oublier la réponse?” – ça, c’est face à certains diffuseurs), en passant par le soupir de lassitude (“une fois la musique créée, il faut la faire vivre; comment vous faire comprendre que le travail d’un musicien ne se juge pas au poids de nouveauté annuel?”)…
Grosse rogne de saison
Ah oui, tenez, en passant: j’exècre, j’abhorre, je conchie la Saint Valentin. Plus encore que les Pères Noël suppliciés, c’est dire. Longtemps le célibat m’a privée du droit légitime de le dire sans passer pour une vieille fille pisse-vinaigre. Puisqu’il se trouve que cette année ce n’est pas le cas, profitons-en. Oyez!
Qu’est-ce que c’est que cette façon de venir me dire, sous couvert de célébration, ce que je devrais avoir et ce que je devrais faire, dans la sphère entre toutes où ce que j’ai et ce que je fais ne regardent que moi et le cas échéant quelqu’autre adulte consentant?
…
Et sur le plancher des vaches, c’est pas mal non plus
Le ci-devant cognassier est fidèle au rendez-vous comme un syndicaliste amoureux, le lonicera embaume tout ce qu’il sait, les primevères ont renoncé à fleurir toute l’année mais se rattrapent en colonisant le monde comme si elles ignoraient jusqu’à l’existence du gel, les narcisses pointent le nez avec une vigueur à la limite de l’obcénité… Bref, les nouvelles de mon jardin ressemblent à celles de tous les jardins: banales et miraculeuses.