Ô vous, fidèles lecteurs (que je mets au pluriel parce que je ne doute de rien), vous souvient-il qu’en 2013 je vous avais présenté le portrait de Barbara Ursler(in), jeune allemande du XVIIe siècle, bien sous tous rapports et férue d’épinette, dont la particularité était d’avoir le visage entier couvert « de beaux cheveux blonds » ? Eh bien, The Guardian nous parlait d’elle récemment ! Un portrait d’elle, une peinture en bonne et due forme cette fois, vient de rejoindre la Wellcome Collection à Londres. D’après l’écrivain John Evelyn qui la rencontre en 1657, elle est devenue une jeune femme « accomplie » – j’ignore si l’expression existe déjà à l’époque, mais elle paraît appropriée pour Barbara qui joue fort bien du clavecin, parle plusieurs langues et semble avoir belle tournure. Elle se montre dans des spectacles – pour la bonne société, sous la houlette de ses parents – dans toute l’Europe, mais cela n’a pas nui à son éducation, ni ne l’a empêchée de se marier, devenant Barbara Van Beck, épouse d’un hollandais et mère d’un enfant pas plus poilu que le commun des mortels.
D’après Angela McShane de la Wellcome Collection, on ne sait rien de la suite de la vie de Barbara, mais ce qui ressort de son portrait et des informations disponibles serait plutôt l’image d’une vie respectable et respectée, loin de la dégradation des foires aux monstres du XIXe siècle. L’information me cause un plaisir étonnamment vif, aussi vif que l’espoir qu’il en fut bien ainsi, et bien ainsi jusqu’à sa mort. Je ne connaissais d’elle que cette gravure ; mais ne voudriez-vous pas, vous aussi, tout le meilleur pour cette jeune fille ?
(Avec un grand merci à Stephen et Timothy Quay, à qui je dois d’avoir eu vent de l’existence du portrait peint !)