Cette histoire aura connu tant de rebondissements que j'ai encore un frisson superstitieux à l'écrire : Les Chants du livre bleu, mon livre-disque solo autour de Musiques bretonnes, le recueil de mélodies populaires publiées en notation musicale par Maurice Duhamel en 1913, va enfin paraître, en mai prochain ! Preuve que je ne rêve pas, vous pouvez télécharger le bon de souscription ici même, si jamais vous n'aviez pas encore cliqué sur les liens que j'ai disséminés dans tout le site… Pardon pour ce subit accès de matraquage publicitaire, mais c'est que dans cet ouvrage-là, il y a du sang, de la sueur et des larmes.
Cependant, et c'est l'essentiel, il y a aussi bien autre chose : des chansons qui jouent à cache-cache du murmure à la nef d'église, grâce à la réalisation sonore d'Alban Moraud — un joaillier prêt à enregistrer dans une chapelle sans électricité au fond des bois — ; une baronne, un perroquet trilingue, un seigneur brigand, un capitaine Tromplus, une jeune fille adepte du kung-fu, des petits pianos et un gros Dulcitone, un bébé qui parle, des tailleurs goinfres, un séminariste gaillard ; des soupirs, des élans, un ruisseau dans les bois ; et aussi des rouleaux de cire récalcitrants, une vieille chanteuse géante, un couple de sonneurs, une Schola Cantorum, un éditeur de musique fils de peintre, un grand écrivain qui tient son journal intime, des régionalistes grimpés sur des dolmens, une Belle Epoque, et un jeune homme artiste et militant, homme de plume et compositeur, ambitieux et doué, – peut-être trop de tout cela pour son propre bonheur. Il y a encore, au milieu de tout cela, une musicienne qui réfléchit au fil des pages sur le travail d'écrire et d'interpréter la musique, sur les jeux de miroirs de l'oralité, sur l'extraordinaire présence des chansons, et sur toutes les vies, les vraies et les autres, qui se donnent rendez-vous dans un recueil de partitions centenaire. Il y a enfin les photos de Charles Vassallo (1), qui est venu faire parler en lumières les chapelles où le disque a été enregistré : là encore, une histoire de trésor coloré, de traces et d'interprétation.
Si tout (ou partie de) cela vous tente, puis-je insister et vous suggérer de télécharger vous savez quoi ? Vous soutiendrez ainsi le label Son an Ero, qui porte ce projet depuis le début et même avant. Venez partager leur folie, la mienne, et celle de tout un monde de fantômes bien vivants – plus on est de fous, plus on rêve.
(1) : Aucune coïncidence mystérieuse de patronymes : Charles Vassallo se trouve être mon père, en même temps qu'un photographe qui sait révéler la vie organique des lieux et des objets avec une délicatesse qui me touche depuis longtemps.