*Gratte, prépare, cogite, re-gratte: «les jours sont courts!»

C’est terrible, j’ai toujours plus envie de vous parler de tout autre chose - merveilles à voir ou petites réflexions en passant - que de mon travail en cours. Peut-être est-ce parce que je sens confusément que tous ces à-côtés font partie, à leur façon, de «ce que je fais». Et peut-être aussi parce que, du travail proprement dit, il n’y a pas toujours des choses fascinantes à raconter: en ce moment on peut dire que je tricote, tricote, tricote, ravaude, retricote… 


Avec Annie Ebrel et Nolùen Le Buhé nous relisons le livret et écoutons le master du CD à paraître le mois prochain. Une partie de mon disque dur est déjà en train de chanter des Noëls bretons avec Mélisme(s) et l’Orchestre de Bretagne (ça, c’est pour décembre, je vous en reparlerai!), et de réfléchir aux prochains épisodes: tournées des uns, futur album des autres… 


Mais le temps appartient surtout à la préparation de l’enregistrement de l’album Duhamel, qui commence la semaine prochaine. (Tenez, d’ailleurs, il ne nuit peut-être pas de rappeler que le dimanche 30 septembre à St Peran, 35, je donne le concert-rêve-éveillé de ce projet?) J’entends clairement beaucoup de choses sous mon petit crâne, mais c’est une autre paire de manches de les changer en un cheminement cohérent qui réussisse un jour, je l’espère, à vous faire du bien aux oreilles… 


Bref je passe des heures entre bouquins, piano et ordi, alternant phases de dactylographie frénétique, longs moments de regard dans le vague, brusques levers vers la première distraction venue pour en revenir deux minutes plus tard sans l’avoir vraiment goûtée, interlude le temps de répondre à X mails, et travail de la même chanson, toujours, alors qu’il y en a une bonne vingtaine dans le projet (ça, ce n’est pas forcément un problème: les autres se travaillent pour ainsi dire à travers celle-là). L’aspirateur a perdu tout espoir d’être passé avant le mois prochain, mon compagnon me saisit régulièrement par la peau du cou pour me nourrir ou me promener.


Voilà, c’est tout. Je vous garantis (et mon amoureux sans doute plus encore) que vu de près, ce n’est pas très glamour… Même si je dois confesser qu’au fond j’adore ça. Parce qu’au bout de ces tunnels de travail il y a peut-être la lumière singulière et profonde d’une nouvelle petite pierre. Peut-être, jamais sûrement. Mais qui n’accepte pas de se meurtrir les pattes à creuser ce genre de galeries est sûr de ne jamais l’atteindre.


«An ofisoù a zo hir hag an deizioù zo berr», la messe est longue et les jours sont courts… Nous aimons tellement cette ligne que nous en avions fait le titre du premier album de Loened Fall. 14 ans plus tard, c’est sûr: les jours sont courts, courts, de plus en plus courts! Et peut-être que c’est tant mieux…