* Un mois de Mai chez Jean-Sébastien (ou: la casquette fait – un peu – l’ouvrier)

La tournée ensemble vocal Mélisme(s)/Orchestre de Bretagne se poursuit, nous sortons de nos deux soirées à Rennes, demain nous serons à Plumelec et après-demain à Auray. La musique (Bach, Caroline Marçot et Knut Nystedt, sous la direction de Gildas Pungier et Philip Pickett) mûrit de soir en soir et prend de bonne joues roses – bonheur trop rare, et qui ne devrait pas l’être! de roder vraiment un programme en le jouant en série…


Donc j’officie essentiellement, ce mois-ci, sous ma casquette de musicienne classique (enfin, entre deux répétitions, j’ai quand même chanté avec Loened Fall, envoyé le livret du troisième album à l’imprimerie, et à la fin du mois je pars en Irlande avec Gilles Le Bigot et Jean-Michel Veillon!).


Vous qui me connaissez surtout racontant des inepties entre deux gavottes, ou cherchant à vous livrer tout cru le désespoir des princes et des bergères, vous seriez sans doute amusés de me voir toute de noir vêtue parmi mes seize collègues, les cheveux en arrière, debout bien sage derrière mon pupitre; mais c’est ainsi, chaque musique a ses besoins et ses priorités, et Bach n’a pas besoin des mêmes parties de mon individu qu’un passage de Loened Fall – du reste, on peut dire la même chose de toutes les musiques: l’interprète existe différemment dans chacune d’elles, il bouge, respire, se pense différemment, et ce qui est juste et nécessaire pour l’une est tristement déplacé dans une autre. Cette différence n’est évidemment pas du tout au tout (je n’ai pas de trouble de la personnalité à ce jour!): ce sont toujours les mêmes pièces de tangram. Mais elles s’agencent pour former une image toute autre.


Inutile de préciser que ces énormes variations de mon rôle et de ma place – ce qui doit ou non, ce qui peut ou non, ce qui veut ou non changer – ne sont pas ce qui m’intéresse le moins dans cette drôle de “triple vie” artistique que je mène, entre ces deux traditions que sont la musique bretonne et la musique classique, et les expérimentations de tout poil où tant de choses sont à découvrir autant qu’à inventer. Euh… vous me suivez toujours?