Une bonne carte postale est une carte postale en retard

Je vous avais promis des photos néanderthaliennes, vous pourrez constater que je suis femme de parole: voici la seule vue de Amman à peu près ressemblante que je sois parvenue à prendre. Notez le ciel artistement pixélisé, dans la plus pure tradition “je prends des photos avec mon téléphone dans une voiture en mouvement”.

Bref, laissons l’art de la photo à ceux qui savent vraiment le pratiquer. Gaby Kerdoncuff et moi-même étions à Amman pour faire de la musique avec le trio Nawazen, et de la musique nous fîmes, préparâmes, composâmes et répétûmes sans mollir: à présent, rendez-vous en novembre (à Lannion et à Stains) pour la création d’un projet qui a toutes les chances d’être assez magique. Nom de code: “Al Wasan”, c’est-à-dire l’état de conscience débridée entre sommeil et éveil, le délicat point de communication entre deux mondes dont chacun peut à tout moment vous réclamer tout-à-fait. Musiciens bretons et musiciens orientaux dans une rencontre au long terme et en profondeur, pour laquelle on ne remerciera jamais assez François-Xavier Adam, directeur du Centre Culturel Français d’Amman. 

Ci-dessous, pour les autres sens, une vieille connaissance que je ne m’attendais pas à retrouver là-bas: Sire Chèvrefeuille, qui un soir après une pluie d’orage s’est mis à embaumer furieusement à tous les coins de rue, semant un aimable désordre dans mes repères spatio-temporels…

Et non représentés ici, les kilos d’épices dans ma valise – dont le fameux zaatar, mélange thym/sésame/summac pour lequel je me damnerais sans barguigner pourvu qu’on l’accompagne d’une bonne huile d’olive et d’une moelleuse pâte à pain. A moins que je ne vende mon âme pour la recette exacte du hummus de Mme Khoury (maman des trois frères qui forment Nawazen), incomparablement onctueux, qui fit mon bonheur le premier jour des répétitions? J’hésite encore.