Comme un petit pou étonné

Me voici, depuis hier, “marraine” des classes primaires bilingues (français-breton, hein – je dis ça pour les Vénusiens qui arriveraient ici par hasard) de l’école que j’ai moi-même fréquentée, celle de Trégastel. La chose a été proclamée urbi et orbi à l’occasion des vingt ans de la classe, dignement célébrés par un spectacle de Patrick Ewen. Eh bien, ça me surprend moi-même mais je me sens un peu fière…


C’est peut-être parce que j’ai été adorablement accueillie – une superbe orchidée sur mon bureau en témoigne non sans panache.


Et aussi parce que c’est chez moi? C’est une sensation très particulière de se retrouver face à des gens qui vous ont vue petite et se réjouissent de ce que vous avez pu parvenir à faire. (Et ce même quand par ailleurs vous gardez des souvenirs mitigés de l’école primaire, être une petite “intellectuelle” à lunettes et moyennement douée pour la vie en société n’étant pas la plus sûre recette pour couler des jours tranquilles dans une cour de récréation.) Les félicitations qu’on reçoit pour son travail sont toujours un cadeau inestimable et un peu étrange; mais quand elles s’adressent à la petite fille autant qu’à la grande, elles vous remuent encore différemment…


Et puis c’est que j’en ai, des fantômes, dans ce bourg de Trégastel! Oh, de bons fantômes, qui sourient avec les yeux et qui roulent les “r”, de ceux qui vous accompagnent sans se faire remarquer mais qui, à la faveur d’une journée comme celle-là, retrouvent leur place familière. C’est en premier lieu pour les comprendre que l’envie m’était venue, gamine, d’apprendre le breton… Pas étonnant qu’ils aient été de la fête.


Bref, voilà – l’énergie des parents, celle des enfants, l’humour et la finesse proprement radioactifs de Patrick Ewen, plus quelques ombres bienveillantes qui flottent dans l’air mine de rien – et hop, votre servante se retrouve bien plus émue qu’elle ne l’aurait cru…