Ah, le bel Avril!

Bon, récapitulons, depuis le début du mois : “La chanteuse, l’infini et la clef à molette” est né(e) dans la joie; quatre jours de répétitions avec Mélisme(s) (cf courrier précédent), synonymes de plaisir d’être ensemble et de travail profond et passionnant; comme si tout ça n’était pas assez beau, la semaine écoulée a été consacrée aux premières répétitions du “Solitaire” de la chorégraphe Christine Rougier , pièce pour un danseur (Matthias Groos) et une chanteuse (devinez qui), création en mars 2008. Que dire de ces débuts? Que ça s’annonce un beau cadeau… Un travail comme je n’en ai jamais fait, qui relie certains des aspects les plus inattendus et les plus invisibles de mon petit parcours d’artiste, ce que je sais et ce que je désire apprendre, ce que j’assume de savoir et ce que je suis plus forte de reconnaître ignorer…  Entre la densité et la sensibilité de la vision de Christine, le talent de Matthias – pour ne rien dire de sa patience avec une partenaire aussi déliée qu’un bébé Terre-Neuve – et les réponses du compositeur Michel Berthier, voici passée une semaine intense et fructueuse qui nous laisse à tous la douce impression de nous connaître depuis des mois.


Cerise sur le gâteau, ces journées avaient lieu au Petit Théâtre de la Passerelle à St Brieuc, une bonbonnière à l’italienne, velours rouge et ors fanés, que je connais bien pour y avoir rêvé adolescente, puis joué, passé un examen de chant lyrique, et surtout créé le deuxième spectacle de Bugel Koar en 2002. Contrairement à bon nombre de ses frères à qui une restauration a donné machinerie dernier cri et odeur de peinture, cet Opéra de poupée sent encore le bois sec, le cuir, la toile et – j’en jurerais – la poudre de riz et la sueur masquée de violette des actrices tout juste descendues du train à vapeur. Oh que j’adore cet endroit, chaleureux et oppressant à ses heures comme un très vieil oncle un peu nécromancien…