Un soir d’automne, il y a quelques années, je suis allée écouter des copains en concert à Nantes. La soirée finie, chacun se dirigeant vers son véhicule, ce que j’étais trop pressée pour remarquer à l’arrivée nous saute aux yeux: au milieu des voitures de ville toutes propres et lustrées, il y a un tas de boue – la mienne. L’automne a été pluvieux et c’est le moment des ensilages… Toute ma carosserie n’est plus que terre. Même le toit en est couvert, les plaques d’immatriculation disparaissent, le miroir des rétroviseurs émerge de deux boules de boue. Ce n’est plus une voiture, c’est un char camouflé. Si j’avais mis sur mon toit une enseigne au néon clignotant «je vis à la campagne», le message n’aurait pas été plus clair!
Tout récemment je rejoignais ma voiture sur un parking de Rostrenen quand j’ai éclaté de rire toute seule: elle était à peine moins sale qu’à Nantes… mais cette fois toutes les autres étaient dans le même état! Avec une démultiplication qui faisait l’effet d’un humour délibéré – les mêmes zébrures, de la même couleur, aux mêmes endroits et au même angle – toutes racontaient la même histoire de tracteurs, d’hiver et du bon sens de ne pas perdre son temps à un nettoyage qui serait à refaire une heure plus tard.
Un petit rien, un tout petit bout de vie en commun…