Non, ce journal n’est pas à l’abandon! Je peux tout expliquer!
D’abord, en juin, je suis partie – non? – si! – en VACANCES… Noble activité, dont je me suis à peu près abstenue pendant une bonne décennie, n’osant m’absenter que trois ou quatre jours maximum, jusqu’à ce que l’homo sapiens qui partage avec moi les trois cent soixante-et-un autres (jours) me fasse comprendre que chez les gens normaux le repos se comptait plutôt en semaines. C’est la deuxième fois que j’essaie et j’avoue que je commence à comprendre le principe – très bien, même.
Et puis, depuis le début du mois, ce sont les RCA, acronyme un tantinet militaire pour les Rencontres des Côtes D’Armor , où j’officie en tant qu’intervenante «voix» sans me priver, chaque fois que c’est possible, de me faire petite souris dans les ateliers de mes camarades. Sur le modèle (et avec une partie de l’équipe) de l’Aria en Corse, ce stage de théâtre a la particularité d’être ouvert à tous, pros comme amateurs – mais amateurs assez furieux tout de même pour bosser de neuf heures du matin à dix heures du soir pendant trois semaines! Au bout du joyeux tunnel, la réalisation de plusieurs spectacles qui seront joués, toujours à la Roche-Jagu, les 22, 23 et 24 juillet.
Est-ce épuisant? Oui. Pour ma part je serai parfois absente, mais ce ne sera que pour aller faire des concerts, et ce mois de juillet sera sûrement le plus intensif de ma vie à ce jour.
Est-ce instructif? Oh que oui!
Est-ce beau? Voui voui voui. On est là pour chercher, pour touiller, pour défricher et je serine à mes stagiaires de ne pas s’inquiéter de beauté ou de justesse mais d’aller voir comment ça se passe à côté, au-delà, ailleurs que là où ils savent déjà à quoi s’attendre. Bien sûr, régulièrement ça ne mène nulle part, et régulièrement ce n’est qu’un pas dans une direction qu’il faudra suivre encore longtemps; mais parfois aussi le nouveau cap mène tout de suite à des îles magnifiques, où douze personnes respirent ensemble, se portent, s’entraident, se sentent, où le survolté s’apaise un instant, où le discret prend la parole, où tout d’un coup les voix se joignent en une seule et même géographie. On reconnaît ces moments au silence qui les suit, profond comme une belle eau; et chacun de nous, ayant vécu le miracle à sa manière, rapportera de l’île une nouvelle pierre précieuse et absolument sienne.