Printemps breton: enfin la vérité

Touristes et néanmoins amis, il est temps de briser le silence: on vous cache des choses. 


Qu'est-ce que ça sent, pour vous, la Bretagne en mars-avril? Le goémon, les embruns, la terre, le lisier, la galette de Pleyben, la poche de biniou moisie? Le dessous de bras de danseur de gavotte? Vous n'y êtes pas. Au début du printemps, dès qu'il se met à faire tiède (je veux dire, S’IL se met à faire tiède…), l'odeur qui vous saute au nez au détour des chemins, voire au bord des voies express pour peu que votre voiture ne sente pas le pétrolier de réforme, c'est celle de l'ajonc massivement en fleurs, toutes espèces confondues. Et l'ajonc massivement en fleurs, toutes espèces confondues, ça sent… la noix de coco. Le monoï. Avec une pointe de vanille. Juré-craché.





Ça fait désordre. Vos yeux (et vos capteurs de température) vous disent que vous vous promenez dans l’Armorique insondable, selon votre obédience vous cherchez des yeux les bardes harpus, les sirènes nichonnées ou les vieux sages à casquette – et pendant ce temps-là votre odorat vous promet palmiers, vahinés et solo de youkoulélé. Pas étonnant que les offices du tourisme restent muet sur une telle subversion.


(Bon, d’accord, cette année, entre le vent et les températures scandinaves, c’est vrai qu’il fallait mettre le nez dedans pour voir de quoi je cause. Mais c’est quand même là, ‘suffit de s’approcher.)