De la passivité des stars et de ma désorganisation post-estivale

Gloups! Un mois depuis la dernière mise à jour! Qu’allez-vous penser de moi? C’est que, les affaires courantes ayant une sale tendance à continuer à courir y compris quand on est occupé ailleurs, septembre est traditionnellement consacré à tenter de les rattraper: elles ont eu tout l’été, les bougresses, pour prendre une horrible avance!


Je viens donc de passer un mois à écrire, téléphoner, trier, ranger (un peu) et redéranger (beaucoup), chanter toujours, bref redescendre sur terre après deux mois de belles aventures. (Sans compter que cette fin septembre historiquement chaude a mis en application le décret officieux qui stipule que toute journée où le thermomètre dépasse 24°C à Lannion est un jour férié. Cela m’a permis d’aller à la plage… pour la première fois de l’année. Inutile d’insister, je ne culpabiliserai pas!)


Il faut vous expliquer la vérité toute nue: je n’aime rien tant qu’être débordée de travail, et tout particulièrement de concerts. Cela me plonge dans un état de concentration et d’urgence maîtrisée – la question de ce que je vais faire le lendemain ou dans les prochaines heures ne se pose plus, et je n’ai plus qu’à aller puiser et cultiver en moi ce qu’il faut pour être à la hauteur de ce qui m’est demandé – et c’est aussi reposant mentalement que lessivant physiquement… Mais bien évidemment cette délectable suspension se paie à la sortie, par des jours où, encore tout moulu de bonheurs et d’efforts, on doit bel et bien revenir à la fois au quotidien et au long terme, gérer la foule des devoirs domestiques accumulés et réfléchir à la suite artistique et aux travaux à mettre en œuvre pour elle.


C’est là que j’avoue comprendre la tentation à laquelle cèdent tant de musiciens très célèbres, ceux qui, parce qu’ils génèrent, oh! bien autrement plus d’argent que moi, peuvent s’offrir les services d’un essaim de collaborateurs et d’assistants: ne plus s’occuper de rien, ne plus faire que chanter et écrire, aller – que dis-je, se laisser conduire – là où autrui a décidé qu’il était souhaitable d’aller, oublier jusqu’à l’existence des factures, du ménage… et pour certains laisser à d’autres mains jusqu’au gouvernail artistique. Un paradis artificiel comme un autre… Et dont nous autres simples mortels constatons parfois, au détour d’un festival, les ravages sur certains collègues fortunés (1).



Ce n’est pas demain la veille que je serai concernée par le problème: d’une part, la dépendance à quoi que ce soit qui ne soit pas en vente dans une chocolaterie de Brest (2) n’est pas ma tasse de thé; d’autre part et surtout, je ne suis pas près de gagner le trentième de ce qu’il faudrait pour courir ce risque!  Et pourtant comme ce dernier peut paraître désirable, un court instant, alors que l’on essaie de déterminer le plus urgent entre ramasser l’herbe au jardin avant la pluie, aller éponger le découvert bancaire avec les chèques en attente depuis un mois, répondre aux questions reçues il y a trois semaines, s’acheter de quoi se préparer enfin un repas équilibré ou continuer les recherches pour le prochain spectacle!





  1. (1)Vous êtes nombreux à avoir entendu parler des exigences rocambolesques de certaines stars: loges repeintes en noir, isolement absolu, couverts en argent et j’en passe… Ces besoins, en général superstitieux (dans le sens où l’artiste peut ressentir une véritable angoisse s’ils ne sont pas comblés), sont le plus souvent un effet secondaire de la codépendance qui s’installe entre un artiste coté et son entourage: le second, pour préserver à la fois son gagne-pain et une addictive position de pouvoir et de succès par procuration, a tout à gagner à entretenir une certaine fragilité chez le premier, lequel apprécie en retour le sentiment d’être aussi extraordinairement délicat qu’extraordinairement protégé.



  1. 2)Oubliez la Suisse et la Belgique: la capitale mondiale du chocolat est en Nord Finistère! Les Brestois connaissent en effet le luxe d’avoir le choix entre deux chocolatiers époustouflants, Histoire de Chocolat et C. Chocolat. Pour ma part je déclare qu’il va me falloir encore beaucoup, beaucoup de boîtes de l’un et de l’autre pour arriver à les départager…